Petit jour et Petit nuit de Cécile Chicault et Line Pauvert

C’est beau, c’est doux, c’est joyeux… Petit Jour et Petit Nuit c’est la poésie de l’enfance. Petit Jour aime la lumière, les spotlights pour réciter un poème, les jeux qui font des bruits et des cris dans la cour de récréation, il aime les couleurs des arbres et des fleurs mais la nuit il s’inquiète.
Petit Nuit aime les câlins de son chat, il aime regarder les autres s’amuser, il aime se rouler en boule sur le canapé mais l’école l’inquiète un peu parce que s’il récite un poème, tout le monde va le regarder !
Mais un jour le papa de Petit Jour doit partir pour le travail. Petit Jour va aller dormir chez Petit Nuit et, ensemble, ils vont se découvrir, jouer et apprivoiser leurs inquiétudes.

L’autrice raconte deux enfants heureux, avec des peurs et des émotions différentes mais sans aucune hiérarchie. Ce sont deux personnes entières et qui vont grandir grâce à l’écoute, l’amitié et leur sensibilité d’enfant. L’empathie est au cœur de ce récit qui évoque avec poésie les questions d’enfants mais aussi les jolies réponses qu’ils trouvent ensemble.


Les illustrations au crayon de couleur de Line Pauvert sont comme un vent de printemps. Ils plongent les lecteur.ice.s dans des dessins doux et enfantins portés par des images oniriques qui viennent se fondre dans les pages, comme des manifestations des pensées, rêves, et envies des petits.

Il est aussi intéressant de noter que Petit Jour vit avec son papa et cette famille est complète. Ce n’est même pas un sujet. Et je trouve ça important aujourd’hui que les livres parlent de toutes les familles mais sans que ce soit forcément le sujet type « machin a une famille spéciale ». Ces familles sont là, elles existent, dans la vie, dans les livres. Pas de question, pas de jugement juste un fait. Et c’est essentiel en littérature jeunesse que tous les enfants se sentent vus, eux et leurs familles.

Bref ! Un très joli album à lire et relire où les petit.e.s lecteur.ice.s pourront s’identifier selon les pages, les jours et les moments à chacun des deux enfants.


Autrice : Cécile Chicault
Illustratrice : Line Chauvert
Édition : Les éditions des éléphants
32 p.

Diana d’un monde à l’autre

Beauté !
C’est la première chose que j’ai pensé en découvrant cette nouvelle BD de Bande d’ado (Bayard).

C’est l’histoire de Diana qui va rendre visite à ses grands-parents et espère cuisiner des palacinkes avec sa grand-mère dont c’est la spécialité. Son grand-père est malade et parle dans un demi sommeil du rocher-qui-sent_mauvais. Étrange. Pour cuisiner avec sa grand-mère, Diana part en forêt et là… elle va découvrir un monde étrange et féérique. Cet endroit délicatement incroyable est pourtant en symbiose avec notre monde à nous, ce qui le met en danger. Diana devient ainsi un pont entre deux réalités.


Pour moi, cette bédé est une fable écologique qui sensibilise les lecteur.ice.s aux ravages de la pollution à l’échelle d’une rose. Elle a la douceur et l’onirisme de la poésie. Et, en même temps (comme dirait l’autre), les personnages sont humains, réels. On se projette immédiatement dans le quotidien dans cette maison qui n’est pourtant évoqué qu’en quelques pages. Diana est une jeune ado, entre deux. Elle est donc la personne parfaite pour enjamber ce fossé entre réalité et poésie pour peut-être inventer de nouveaux ponts.

Les dessins sont superbes. Les couleurs, les courbes, chaque case ou presque pourrait être tirée comme une illustration a encadrer sur un joli mur blanc au dessus d’un ficus foisonnant. On a envie de rester dans ce livre, de s’y installer. On est happés par les aventures de Diana et presque jaloux de son expérience.


Ce livre réussi l’exploit (selon moi) de parler de protection de la nature sans donner envie de pleurer sur l’état du monde. Et ce n’est pas rien. En bref, Diana d’un monde à l’autre est une excellente raison de s’asseoir contre une fenêtre pour rêver un peu.

Diana d’un monde à l’autre
Autrice : Kalina Muhova
Traductrice : Marie Giudicelli
Edition : Bayard
Collection : Bande d’ados
56 p.

Amour(s) de Tess Alexandre et Camille Deschiens

Dans ce livre, les amours se lient et se délient dans une douceur de couette en hiver. Tess Alexandre et Camille Deschiens réalisent treize portraits de personnes qui s’aiment ou apprennent à aimer, parfois cherchent comment s’aimer elles-mêmes ou apprivoiser l’autre. Parfois tout est doux, parfois les amours se heurtent aux autres, aux peurs, à la société, aux préjugés. Souvent c’est beau.

Les illustrations de Camille Deschiens répondent avec douceur aux textes de Tess Alexandre. Elles nous proposent une interprétation, des traits pour les protagonistes pour ancrer la lecture. Mais souvent, les questionnements et éblouissements des personnages font écho dans notre propre vie où celle de personnes que nous avons fréquentées.

Chaque personnage s’étire sur quelques pages et un dessin. Un chapitre. On plonge au milieu de l’histoire et on en est tiré avant sa résolution. On a ouvert un rideau, écouté une conversation dans le bus, observé un couple discuter à une terrasse de café. On est témoin de ces bouts d’histoires qui nous sont offerts, le temps de créer une amitié avec les personnages, un élan d’empathie.

C’est un très beau livre qui raconte qu’il n’y a pas de bonne manière d’aimer ou plutôt que toutes les manières sont belles tant qu’elles nous conviennent. Il n’est pas moralisateur, ne fait pas d’étude sociologique, il raconte la douceur à l’échelle des êtres humains. C’est un super livre pour les ados et les adultes qui n’ont pas le temps. Les autrices ont mis des mots et des images sur les histoires qui nous habitent.

Autrice : Tess Alexandre
Illustratrice : Camille Deschiens
Les éditions des éléphants
92 pages
Sorti en mai 2022

Merci beaucoup aux éditions des éléphant
de m’avoir permis de découvrir ce très beau livre
en service de presse. Il est sublime.