Diana d’un monde à l’autre

Beauté !
C’est la première chose que j’ai pensé en découvrant cette nouvelle BD de Bande d’ado (Bayard).

C’est l’histoire de Diana qui va rendre visite à ses grands-parents et espère cuisiner des palacinkes avec sa grand-mère dont c’est la spécialité. Son grand-père est malade et parle dans un demi sommeil du rocher-qui-sent_mauvais. Étrange. Pour cuisiner avec sa grand-mère, Diana part en forêt et là… elle va découvrir un monde étrange et féérique. Cet endroit délicatement incroyable est pourtant en symbiose avec notre monde à nous, ce qui le met en danger. Diana devient ainsi un pont entre deux réalités.


Pour moi, cette bédé est une fable écologique qui sensibilise les lecteur.ice.s aux ravages de la pollution à l’échelle d’une rose. Elle a la douceur et l’onirisme de la poésie. Et, en même temps (comme dirait l’autre), les personnages sont humains, réels. On se projette immédiatement dans le quotidien dans cette maison qui n’est pourtant évoqué qu’en quelques pages. Diana est une jeune ado, entre deux. Elle est donc la personne parfaite pour enjamber ce fossé entre réalité et poésie pour peut-être inventer de nouveaux ponts.

Les dessins sont superbes. Les couleurs, les courbes, chaque case ou presque pourrait être tirée comme une illustration a encadrer sur un joli mur blanc au dessus d’un ficus foisonnant. On a envie de rester dans ce livre, de s’y installer. On est happés par les aventures de Diana et presque jaloux de son expérience.


Ce livre réussi l’exploit (selon moi) de parler de protection de la nature sans donner envie de pleurer sur l’état du monde. Et ce n’est pas rien. En bref, Diana d’un monde à l’autre est une excellente raison de s’asseoir contre une fenêtre pour rêver un peu.

Diana d’un monde à l’autre
Autrice : Kalina Muhova
Traductrice : Marie Giudicelli
Edition : Bayard
Collection : Bande d’ados
56 p.

Les cinq Conteurs de Bagdad par Fabien Velhmann

Photo alh

Dargaud/Velhman/Duchazeau/WalterUne histoire en mille. Le Calife organise un concours de contes. Dans trois ans, mille et un conteurs se rassembleront à Bagdad pour dire leur histoire. Le meilleur sera récompensé, le dernier, exécuté.

Cinq conteurs décident de partir ensemble autour du monde se nourrir des contes enfouis parmi les humains. Découvrir, apprendre, explorer, écouter, pour créer, tous ensemble le meilleur conte jamais raconté. Seulement, avant de partir ils consultent le marc de café pour apprendre sous quels augures se place leur voyage et la prédiction s’avère très (trop?) précise et le voyage prend une toute autre épaisseur. Les cinq conteurs bardés de qualités et de défauts oscillent entre clichés personnifiant les sentiments les plus courant, ressort classique du conte, et être humains complexes grognons, attachants, naïfs  ou en colère.

dargaud/Velhman/Walter/Duchazeau

L’histoire de Fabien Vehlmann vient nous chercher là où on ne l’attend pas. Sur le ton du conte, suivant une structure narrative extrêmement classique appuyée sur une multitude de mises en abymes, l’auteur s’interroge sur les rapports humains, notre rapport à l’avenir, la part de liberté et d’interprétation de chacun. Les éléments attendus sont amplifiés ou au contraire renversés selon les envies de l’auteur ou l’objectif de son propos. On se laisse emporter dans ce conte qui en abrite d’autres, tout en réfléchissant sur les origines, le sens et le but de la transmission des histoires à travers les âges ou les cultures. Avec en toile de fond toujours la même question quel est le véritable rôle des contes ? Divertir ou changer le monde ?

VELHMAN/DUCHAZEAU/WALTER/DARGAUD

L’histoire est accompagnée par le trait de Frantz Duchazeau et les couleurs de Walter qui nous attirent dans un univers oriental, entre conte, fable et légende aux couleurs parfois lumineuses, souvent crépusculaires. Une belle lecture, toute douce, à lire sous la couette, en se laissant aller à voyager.

Scénariste : Fabien VEHLMANN
Illustrateur : Frantz DUCHAZEAU
Coloriste : WALTER
Éditeur : Dargaud (coll. Long courrier)
68 p.