C’est beau. J’ai acheté cette BD presque par hasard, parce que sa couverture solaire et sa promesse d’aventure semblaient correspondre à ce qui manquait dans cette journée de bitume gris. Et les couleurs éclatantes de la couverture tiennent leurs promesses à l’intérieur. Dès la première page, Gamaïoun, un oiseau magique bleu et doré nous annonce qu’il va nous raconter une histoire, et on se laisse emporter.
La bande dessinée se découpe en chapitres comme autant d’histoires qui assemblées créent un univers merveilleux : La fille, dans la cabane sur pattes de poulet, le cadet, tu perdras ta tête…
La construction visuelle est mise au service de l’histoire, son rythme, ses mystères et ses paysages. Quand le scénario, étonne, interroge ou émerveille, l’auteur déploie de grandes cases qui nous happent au côté des personnages. Quand les actions s’accélèrent ou s’enchaînent il divise parfois sa page en plusieurs petites cases comme autant de strips d’un dessin animée. Les couleurs varient aussi de la forêt magique au château du roi de l’île du Sud. Il s’envole, s’efface et réapparait dans de superbes effets de transparence ou alors s’assagit, s’aplatit et les couleurs sont plus franches, les lignes plus définie. Le dessin nous fait passer d’un univers à un autre.
Mais que raconte ce livre ? Des aventures de chevaliers, de méchante belle mère, de pomme d’or, de courage, d’amour, d’entraide, de soldats en bois et d’oiseau-nagaï. Jouant des codes du conte, du mythe, ou du récit épique, l’auteur nous entraîne avec lui à la suite de ses personnages et de leurs quêtes. Les bons sont testés et récompensés (mais pas tout de suite), les mauvais sont punis (mais pas toujours).
J’aime les récits fondateurs, les mythologies, les arbres de contes. Et ce livre nous happe, nous plonge dans l’extraordinaire, le différent. Baba Yaga, sorcière-magicienne puissante, loyale et méfiante au coeur du livre semble tenir les fils du destins des autres personnages et les regarde évoluer autour d’elle.
Je ne me lasse pas de regarder les dessins aux couleurs oniriques et éclatantes où chaque case ou presque pourrait être encadrée dans un cadre doré et affichée sur un mur blanc dans un rayon de soleil.
Et ce superbe bouquin est sélectionné au Festival d’Angoulême : Sélection jeunesse 12-16 ans !
Auteur/dessinateur : Alexander Utkin
Éditeur : Gallimard bande dessinée
163 p.